Anaconda 2/6
Aujourd'hui je vais vous parler des moteurs. Ils y en a deux par baranque. Un sert à projeter l'eau sous pression sur les parois du baranque pour en détacher les parois qui vont se mélanger à l'eau. L'autre va pomper ce mélange pour l'envoyer sur la table de séparation (cf. Anaconda 1/6).
Lorsque nous sommes arrivés sur ce baranque, trois clandestins brésiliens se sont enfuis. Il était temps que nous arrivions.
Ici nous n'avons que le corps de la pompe. Ils ont eu le temps de démonter le moteur. Cette pompe sera fracassée à coups de masse et le tuyau détruit.
Sur cette photo prise dans le même baranque, nous avons le moteur et la pompe désacouplés.
Ils n'ont pas eu le temps de jeter le moteur dans l'eau.
Les deux éléments vont être traités avec amour par les gendarmes.
Nous faisons des recherches dans le bachon (ou baranque) pour tenter de retrouver le moteur.
Quand ils ont assez de temps, ils le transportent en forêt, à quelques centaines de mètres. Il est alors très difficile de le retrouver.
Quand le temps presse, ils le jettent à l'eau.
Nous sommes persuadés qu'il a été jeté sous la pompe. Malheureusement c'est une zone du trou d'eau dans laquelle nous n'avons pas pied. Nous ne le retrouverons pas.
Le moteur va être détruit à l'aide d'un pot thermique. C'est un artifice qui produit un dard de feu à plus de 1500° et qui fond tout. Le moteur est percé, sa masse est tordue. Il ne reste que peu de pièces utilisables. L'espérience aidant, les gendarmes vont casser le maximum de ces pièces qui ne seront pas esquintées par le pot thermique.
Le pot thermique est cette boîte noire tenue par le gendarme de droite.
Le moteur est gavé d'essence, de gas oil ou d'huile moteur (selon les disponibilités du lieu).
Tout ce qui peut être brulé dans la zone est entassé sur le moteur et sera détruit.
Ici tout coûte très cher car il faut acheminer le matériel dans des conditions très difficiles. La pression mise par les gendarmes oblige les clandestins à de longs parcours à dos d'homme. Souvent, les transports sont interceptés. Les marchandises et les véhicules sont alors détruits.
L'estimation pour 2006 des destructions de matériel faites par les services de lutte (gendarmerie, armée, ONF) est d'environ 20 millions d'euros.
Ici, nous voyons la fumée caractéristique de la mise à feu du pot thermique.
L'ensemble prend feu rapidement.
Pour faire bonne mesure, le moteur est arrosé avec des produits inflammables.
Ce moteur n'a pas brulé aussi bien qu'espéré. La nappe d'huile répandue sur l'eau ne s'est pas enflammée, ce qui est assez rare d'après mon collègue qui a déjà beaucoup d'oprations Anaconda derrière lui.
Cependant, on se console en se disant que la pollution que l'on vient de faire est bien faible par rapport à ce qui se serait passé sans notre intervention :
* pollution de l'eau de la crique par les résidus solides
* pollution par le mercure
* destruction de toute vie aquatique en aval du site sur plusieurs kilomètres
La prochaine fois, je traiterai du cas des moteurs cachés.